Le Conseil économique et social est créé par la Constitution du 3 novembre 1960. Mais, c’est la loi organique du 2 janvier 1961 qui consacre sa vocation de chambre consultative. Une création qui doit tout à la vision du père fondateur de la nation, le Président Félix HOUPHOUET-BOIGNY.
Bien avant l’indépendance, le Président se souciait déjà de la promotion économique, sociale et culturelle de ses concitoyens. Très tôt, il s’engage dans la lutte pour une liberté du travail et une meilleure rémunération, en considérant ces éléments non comme des sortes privilèges accordés par l’occupant, mais des mesures indispensables à une future nation indépendante en Côte d’Ivoire.
C’est pourquoi, dès 1946 le futur Président envoie dans les meilleures écoles de France des cohortes de jeunes ivoiriens afin d’y recevoir une formation capable de les amener à devenir un jour de grands responsables. Car il sait que dans l’avenir la Côte d’Ivoire devra se mesurer avec les autres nations et avec ses propres armes économiques et sociales.
Ainsi, à la veille de l’indépendance, il avait déjà envisagé la création d’un Conseil économique et social, non pour imiter la France, mais parce que cette Institution correspondait au lieu de d’échanges et de consensus dont il rêvait pour le développement de la Côte d’Ivoire.
Il n’est pas surprenant alors qu’il en confie la Présidence à son ami de lutte, Jean DELAFOSSE, fils d’Ernest François Maurice Delafosse, un Français qui entama sa carrière, en 1894, dans l'administration coloniale. Dans le passé, Jean DELAFOSSE avait été, notamment, Directeur de la Coopérative d’Achat et de Vente de la production des planteurs africains, et à titre le fervent défenseur de ces planteurs. Mais Jean DELAFOSSE était aussi et avant tout le meneur d’hommes, et le rassembleur influent que le Président souhaitait avoir à ses côtés. Il aurait pu légitimement le garder au gouvernement, mais c’est lui que le Président de la République nomme, en 1961, à la tête du tout nouveau Conseil Economique et Social, pour montrer toute l’importance qu’il attache à cette Assemblée consultative. Pouvait-on, en effet, trouver meilleur titulaire que cet homme pour animer de façon harmonieuse la vie économique et sociale de la toute jeune République ? Ainsi avec les vingt-cinq premiers Conseillers économiques et sociaux, et entouré des Vice-Présidents KONIAN Kodjo et TANOE Akpagny, il entreprit de donner corps à la vision du Président Félix HOUPHOUET-BOIGNY.
Jean DELAFOSSE cherche durant toute sa présidence à collaborer franchement avec l’exécutif et le législatif afin de faire de la Côte d’Ivoire un état moderne et modèle au plan du développement. Malheureusement le destin priva trop précocement la Côte d’Ivoire de cette précieuse ressource. Le 6 juillet 1962 une triste nouvelle parvenait à Abidjan annonçant la disparition brutale de celui qui avait conquis l’estime de tous, tant en Côte d’Ivoire qu’au-delà de nos frontières.
C’est Mamadou COULIBALY, premier Vice-Président de la toute nouvelle Assemblée Nationale, que le Président Félix HOUPHOUET-BOIGNY choisit pour lui succéder et animer le Conseil économique et social.
Instituteur-Planteur, il avait été un membre avant-gardiste du Syndicat Agricole Africain et du PDCI-RDA. Homme du nord, personnage discret, tolérant et doté d’un sens aigu du dialogue, Mamadou COULIBALY n’était pas moins un homme d’influence. Il a été le grand défricheur durant les vingt-trois années de sa présidence. En soutenant objectivement et en expliquant amplement les orientations et les programmes de l’exécutif par des études, des suggestions et des avis, son action a solidement installé la notoriété du Conseil économique et social. Sous sa présidence, le nombre de Conseillers passe de 25 à 75 membres et la diversité de la nation est mieux représentée. Lorsqu’il disparait, en 1985, le Conseil économique et social est devenu une Institution respectée de la République.
C’est le Président Philippe Grégoire YACE qui lui succède. Homme de grand charisme, à l’autorité naturelle, tout-Puissant Secrétaire Général du PDCI-RDA et Président de l’Assemblée Nationale pendant les vingt premières années de la République, il fut de tous les combats menés par le Président Félix HOUPHOUET-BOIGNY. Grâce à lui, le Conseil économique et social devient plus et mieux connu de l’extérieur. C’est en 1994 qu’il créé avec ses pairs l’Union des Conseils économiques et sociaux d’Afrique [UCESA]. Tout comme il participe à la création de l’association internationale des Conseils économiques et sociaux et Institutions similaires du monde [AICESIS].
Président du Conseil, dans une période économique difficile de la Côte d’Ivoire, il sait avec conviction, volontarisme et une grande culture accompagner les différents gouvernements dans leur œuvre de réformes. Et pour donner un nouveau dynamisme au Conseil, il fait passer son assemblée de 75 à 120 membres.
C’est en septembre 1999 que Maurice SERY GNOLEBA succède au Président YACE décédé quelques mois auparavant. Dans la lignée des hommes influents à la tête du Conseil Economique et Social, Maurice SERY GNOLEBA occupe une place particulière. Il est l’un des représentants de ces jeunes ivoiriens repérés par le Président HOUPHOUET-BOIGNY. Naturellement doué, efficace, méthodique, il est pendant de longues années le Directeur du Trésor Ivoirien. Il y brille par sa vaste culture générale, sa compétence technique, mais aussi par son sens de la décision et la fermeté de son caractère. Plusieurs fois Ministre, puis Ministre d’Etat, il négocie avec brio plusieurs rééchelonnements de la dette publique et privée de la Côte d’Ivoire. De tous ses atouts, il ne pourra malheureusement pas en faire profiter le Conseil économique et social. Le coup d’Etat de décembre 1999 met fin brutalement à sa Présidence. Il aura présidé le Conseil durant quatre mois.
C’est en 2001, après une année d’interruption, que le Président Laurent DONA-FOLOGO prend la présidence du nouveau Conseil économique et social. En effet la loi organique n°2001-304 du 5 juin 2001 en fixe les attributions, et précise que les cent-vingt membres qui le constituent, sont nommés par décret du Président de la République pour cinq ans. Pendant dix ans, Laurent DONA-FOLOGO, homme respectueux des Institutions et profondément attaché à la République préside aux destinées de cette noble assemblée. Enfin, au lendemain de la crise post-électorale, Alassane Dramane Ouattara, nouveau président de la République, nomme par décret le 13 mai 2011, Marcel ZADI Kessy, Président du Conseil économique et social.